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Shakspeare's mood
MUSIQUE

Shakespeare's mood à Sprimont
Marlène Britta
Mis en ligne le 27/10/2005

Phinc (Pirotton-Houben Incorporation), le vendredi 4/11, en concert à Sprimont.
Présentation de «Old Woes New Wail», un album inspiré par Shakespeare.
Des nuages sur fond de ciel, des stries lumineuses laissées par un avion, le tout baignant dans une atmosphère de fin du jour, la pochette du nouveau CD de PHINC (pour Pirotton Houben Incorporation) intitulé «Old Woes New Wail» (1) résume bien la démarche de ce quintet formé par nos meilleurs musiciens de jazz, démarche qui pourrait ne tenir qu'en un seul mot: «liberté».
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Deux anciens complices sont à la tête de ce projet, le saxophoniste Steve Houben et le guitariste Jacques Pirotton (les autres membres de la formation sont Philippe Thuriot à l'accordéon, Sam Gerstmans à la contrebasse et Stephan Pougin à la batterie et aux percussions, tous plus talentueux les uns que les autres) qui entend dépasser les catégories musicales et s'affranchir des étiquettes.
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On entend souvent parler de l'Audi Jazz Festival et il passe rarement près de chez nous, il ne faut donc pas rater le concert que PHINC donnera, ce vendredi 4 novembre, dès 20h15, au Centre Culturel de Sprimont dans le cadre de ce prestigieux festival à l'affiche plus qu'avenante. Qu'on en juged'ailleurs: Paco de Lucia, Maceo Parker, Cesaria Evora, Toots Thielemans, John Scofield, Salif Keita...
Liberté sous conditions
L'esprit de Pirotton Houben Incorporation, c'est la recherche perpétuelle, le «cheminement ou la déambulation» comme le souligne Steve Houben, «on essaye de repartir à zéro, de ne pas travailler comme une bande de jazz. Nous ne voulons pas faire une oeuvre aboutie mais quelque chose qui reste en recherche continuellement. Nous sommes cinq et nous marchons ensemble en faisant des sons», répète-t-il.
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«C'est pour cela que les titres du disque ne sont pas joués de la même manière qu'en concert. On répète beaucoup, on essaye plusieurs arrangements et une fois sur scène, on joue encore un autre arrangement!», ajoute Jacques Pirotton. Pourtant, les musiciens ne prônent pas la liberté absolue et Steve Houben de souligner: «nous travaillons évidemment à partir d'une structure de base, d'éléments structurels forts... la liberté totale est casse-pieds, casse-oreilles, casse-tout.»
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Au passage, les deux complices révèlent que le titre de l'album (que l'on pourrait traduire par «anciennes douleurs, nouvelles plaintes») ainsi que les titres de certaines plages sont inspirés des «Sonnets» de Shakespeare.

Inclassables mais de classe
La référence à William Shakespeare place l'album sous le signe de la poésie mais aussi d'une certaine philosophie: «les titres sont inspirés par la mort. On voulait montrer qu'on peut parler de la mort dans un album de jazz, que ce n'est pas toujours dramatique d'en parler.»
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Aborder la musique
Ces titres, empreints de gravité, collent pourtant à une musique (composée par Steve Houben et Jacques Pirotton eux-mêmes) inclassable, énergique et stimulante qui concède une large place au style improvisé. Les références à d'autres répertoires dont le classique et les jeux sur les sonorités sont autant de traits de caractère de ce disque.
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On y trouve également une surprenante adaptation du «Nocturne op. 15 n°3» de Frédéric Chopin. «Un coup de coeur ou du hasard» pour Steve Houben et... « le seul nocturne adaptable» pour Jacques Pirotton.
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A la question « Est-ce toujours du jazz», la réponse ne se fait pas attendre. «Pour moi, c'est toujours du jazz. Aujourd'hui, le jazz ce n'est pas un répertoire, ce n'est pas un style mais une manière d'aborder la musique», déclare Jacques Pirotton.
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(1) 1 CD Alone 005, AMG.
© La Libre Belgique 2005